Lorraine de Foucher, journaliste au « Monde » a publie un article aussi passionnant qu’inquiétant dans le numéro daté des 24 et 25 septembre 2017 du quotidien du soir. Cet article, intitulé « Votre attention s’il vous plait » présente les effets délétères des notifications générées par les applications de nos smartphones. Elle reprend les données compilées par Tristan Harris, un ancien de chez Google.
« Les statistiques de l’attention s’effondrent. En dix-sept ans j’ai perdu 4 seconde de temps de concentration. En 2000, je bénéficiais de 12 seconde d’attention continue sur une tâche ; moi et l’ensemble de mes congénères testés par Microsoft avons désormais un score qui s’établit à 8 secondes. Soit, sans rire, un taux en dessous de celui du poisson rouge qui, lui, est capable de se concentrer 9 secondes d’affilées. Une autre étude m’apprend qu’en recevant en moyenne quarante textos par jour et étant incapable, comme 89 % des Français de différer leur lecture, je suis interrompue en moyenne toutes les douze minutes… sauf qu’à chaque invasion de mon espace mental, je mets 23 minutes pour me reconcentrer pleinement sur mon travail, comme l’ont montré les travaux de Gloria Mark, chercheuse en sciences de l’interruption (!) à l’Université de Californie.
[…] Tout cela va dans le même sens : l’attention est devenue une ressource naturelle précieuse, au même titre que l’eau ou le pétrole. Une ressource polluée qui se raréfie et, par conséquent, gagne de la valeur. […] La notion d’ « économie de l’attention » est apparue en 1995, avec internet, […].
Voilà qui, comme j’ai déjà eu si souvent l’occasion de le dire ici, va dans le sens de ce que je constate dans le quotidien de mes formations. Mais ce que nous livrent Lorraine de Foucher et ses témoins va plus loin : il y a bien une stratégie délibérée de la part d’acteurs économiques pour capturer et garder notre attention. Et cela c’est non seulement au détriment de notre productivité au travail mais aussi, et surtout, au détriment de notre vie qui est passée en permanence à la « moulinette » de ces réseaux dit sociaux. C’est vrai pour les adultes, mais semble devenir dramatique pour nos enfants comme l’indique l’article du « Monde ».
Alors, loin d’être technophobe (je suis un usager assidu des sms, des mails et de quelques réseaux « sociaux »), je ne suis pas partisan de jeter le bébé avec l’eau du bain en bannissant ses outils définitivement. Par contre, je pense qu’ils doivent être remis à leur place : c’est-à-dire à notre service.
Pour cela je ne peux que vous répéter le conseil que je donne depuis bien longtemps, que ce soit dans ce blog ou dans mes formations, conseil d’ailleurs repris par Lorraine de Foucher dans son article : désactivez les notifications de toutes ces applications et veillez à les consulter quand VOUS l’avez décidé ! J’en ajoute un auquel je n’avais pas pensé, mais que je pratiquais déjà : achetez-vous un réveil ! et profitez-en pour éloigner votre smartphone de votre lit. « inutile de vous citer les dizaines d’études scientifiques qui associent directement les troubles du sommeil, de la vie sexuelle et amoureuse à la présence du téléphone juste à côté du lit ».