Je vous ai déjà et à plusieurs reprises, parlé du FOMO. Pour rappel, le FOMO, Fear Of Missing Out (peur de rater quelque chose) est ce besoin que nous éprouvons ou que nos proches éprouvent parfois, de consulter nos réseaux sociaux pour vérifier que rien d’important ne s’y passe sans nous. Alors, quand le 3 novembre dernier, la journaliste du Monde, Marion Dupont, publiait un article à ce sujet, je n’ai pu m’empêcher de m’appuyer sur son travail pour vous en reparler.
Dans l’article Marion Dupont cite Sophie Jehel, maîtresse de conférences à l’Université Paris VIII et chercheuse en sciences de l’information et de la communication : « leurs designs, leurs fonctionnalités, visent à culpabiliser l’individu qui se déconnecte et tout est fait pour lui rappeler, par les notifications notamment, qu’il se passe quelque chose sur la plateforme en son absence ». Marion Dupont ajoute : « A travers ce curieux chantage émotionnel, le FOMO apparaît comme un ressort essentiel des plates-formes numériques, pour ne pas dire leur carburant. »
L’article souligne ensuite le rôle essentiel que joue le besoin de reconnaissance sociale dans ces mécanismes. « Les individus reçoivent une injonction forte et précise de démontrer leur utilité sociale » dit Sophie Jehel qui parle aussi de compétition des ego. De fait, regardez ce que vous-mêmes ou vos « Amis » publiez : tout est fait pour façonner l’image de soi la plus conforme à ce que nous rêvons d’être : famille heureuse aimante et aimée, loisirs aussi passionnants que valorisants, idées intelligentes, goûts sûrs, tout cela renforcé par ces votes d’approbation tant recherché, les « likes » et leurs déclinaisons.
Alors ? Il n’est pas question pour moi, alors que ce texte, paradoxe suprême, sera diffusé sur des réseaux sociaux, de vous inciter à quitter tous ces réseaux. Mais plutôt de vous rappeler cette phrase de Nir Eyal qui a déjà fait l’objet d’un de mes articles : « A l’avenir, il y aura deux catégories de personnes : celle dont l’attention, les choix seront contrôlés par d’autres et celles qui seront fières d’être imperturbables ».
Choisissez donc votre camp : serez-vous du côté de ceux qui voient les réseaux sociaux comme un outil utile, comme une manière de rester en contact avec des gens (des amis, des vrais) que la distance et le temps ont éloignés ? Ou serez-vous de ceux qui voient le monde comme ils ont envie de le voir parce que le filtre déformant des réseaux sociaux sert justement à cela. A ce sujet, je ne peux que vous conseiller de lire ce que Frances Haugen, lanceuse d’alerte et ancienne salariée d’un réseau social a décrit devant le Sénat des Etats-Unis.