L’un des traits qui caractérisent l’époque que nous vivons est sans doute ce que j’appelle le TTS (Tout tout de suite). Aller vite, satisfaire une demande aussitôt que possible, raccourcir les délais, les réduire, les compresser encore et encore est devenu un argument commercial, un « plus », une différenciation stratégique.
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles tant de gens se sentent noyés, débordés, ont l’impression de vider sans fin une boîte de réception qui se remplis sans cesse. L’urgence devient la règle alors qu’elle ne devrait être que l’exception.
En plus du stress que cette tendance engendre, une autre difficulté apparaît : le quotidien et la pression qui l’accompagne font perdre de vue les tâches de fonds, les projets. Le résultat en est que les dossiers pour lesquels les délais étaient de plusieurs semaines voire de plusieurs mois, deviennent progressivement, inexorablement, urgents et ne sont bouclés (bâclés ?) que dans les derniers jours avant l’échéance.
Un rappel régulier
Alors ? Comment faire ? Comment rendre à ces tâches de fonds la place qu’elles méritent c’est-à-dire la première ?
C’est une question à laquelle j’ai réponde de la manière suivante : j’ai créé dans mon outil d’organisation des tâches récurrentes qui me rappellent régulièrement que des projets à moyen ou long terme doivent avancer. Pour ma part, j’ai choisi un rythme hebdomadaire. Ainsi, tous les lundis matins, mon outil me rappelle que j’ai des projets en cours et qu’il serait bien qu’il avancent. Quand ces rappels apparaissent je consulte mon agenda et je programme immédiatement les rendez-vous avec moi-même nécessaires pour faire avancer ces projets. Ce faisant, je donne à ces projets la place qu’ils méritent avant que le quotidien, les « urgences », n’aient envahi mon agenda. Et, bien sûr, je défends ces moments.
Si, comme cela arrive parfois, mon agenda est trop chargé pour trouver de la place, je coche ces tâches comme « terminées » et j’attends le lundi suivant pour me à nouveau la même question.
En procédant ainsi, je m’oblige à m’interroger régulièrement sur la place que je vais donner à mes projets. A chaque fois, je garde en tête cette phrase d’Edgar Morin : « A force de sacrifier l’essentiel à l’urgence, nous en avons oublié l’urgence de l’essentiel ». Car, oui, le plus important ce ne sont pas les PMAT quotidiennes. Elles ne sont que la surface des choses, l’écumes des vagues. Le plus important, là où se trouve la vraie valeur ajoutée, c’est dans le travail de fonds, dans les projets, dans ce qui est mis en place pour le long terme.